Portraits de Caste
Leah Gordon
Exposition 02 mars — 21 août 2022 → Château des Ducs de Bretagne et Parc du Grand Blottereau
La série : Portraits de Caste tire son nom d’un genre de peinture qui retranscrit les théories de catégorisation des populations selon leurs couleurs de peau dans le Mexique colonial du 18e siècle. Les colons blancs y avaient créé des catalogues d’individus selon les degrés de mélange noir-blanc de leur peau. Dans cette taxinomie, le blanc est considéré comme largement supérieur au noir. Les portraits de caste étudiaient ainsi la pratique de la gradation de la couleur de la peau du noir au blanc. Participant à ces études, Moreau de St Mery, un colonisateur français vivant à Haïti, invente une classification surréaliste de la couleur de la peau du noir au blanc en utilisant des noms empruntés à la mythologie, à l’histoire naturelle et au bestiaire. Chaque nom de cette classification correspond à un pourcentage de la fusion du sang noir et du sang blanc. Comme le commente Colin Dayan, historien haïtien, « plus étrange que n’importe quelle fiction surnaturelle, l’irrationalité radicale des méthodes de Moreau St Mery démontre jusqu’où l’imagination peut aller si elle est motivée par des préjugés raciaux ».
Dans cette série de neuf Portraits de Caste, la photographe Leah Gordon, femme britannique, s’inclut en tant que « blanche », tandis que son partenaire, le sculpteur haïtien André Eugène, apparaît à l’autre bout du spectre comme « noir ». La série montre ainsi comment l’histoire d’Haïti ne peut être dissociée de la révolution industrielle et de la création d’une classe ouvrière britannique. En effet, l’abolition de la traite des esclaves en Grande Bretagne, en 1807, a coïncidé avec la perte des droits des travailleurs dans le nord de l’Angleterre. Les ancêtres de Leah Gordon étaient les paysans des environs de Manchester qui sont devenus, avec la révolution industrielle, la classe ouvrière du nord.
Leah Gordon s’est inspirée de portraits de la Renaissance européenne, époque de la mise ne place de la traite des esclaves qui fut également à l’origine de toutes les théories les plus folles sur la catégorisation par couleurs de peaux de la population mondiale. Gordon a trouvé ses modèles dans le quartier de la Grand Rue de Port-au-Prince, où se trouve le collectif d’artistes Arts Rezistans avec lequel elle collabore depuis plusieurs années. Elle a travaillé avec des tailleurs et des artisans locaux pour fabriquer les costumes et les plaques en bois.
Infos pratiques
Château des ducs de Bretagne
4, place Marc Elder
44000 Nantes
puis
Parc du Grand Blottereau
Bd. Auguste Peneau
44300 Nantes
Entrée libre