Depuis combien de temps s’est-il glissé dans l’obscurité ? Le dos appuyé contre le bois, il entend que l’on appelle son nom. Là-bas. Et plus il écoute, plus il s’enfonce. Il a peur. Sous les assauts de la pluie le tronc mort s’est creusé, son ventre s’ouvrant large et que les coléoptères dévorent ; l’enfant gratte à son tour, enfonce ses doigts, effiloche le bois, un tissu, et si son visage se penche un peu, il y a le ciel bleu, là-haut, de part en part. Il ne pense plus à la pluie qui pourrait venir, une fugue ça s’accomplit, c’est ce qu’il pense : je pars ! Il part.

Depuis combien de temps est-il dans le creux du vieux châtaignier ? Cent ans, peut-être, dans la tête de l’enfant, le temps avance si lent, seul le vent est là pour le distraire un peu. Pourtant, plus les heures passent et son esprit fait des ombres, des noeuds, les pensées inquiètes s’amoncellent et tandis que le jour s’éteint et que les voix se rapprochent, l’appel de ceux qui le cherchent, l’enfant sort de son sombre repli, laisse aux insectes la cachette et, tant pis, dans l’herbe sèche s’avance un peu, le pré en pente, il crie : Je suis ici ! Je suis ici !

Texte de Julien Coquentin

Dossier de presse à venir. **

Biographie

Entre les années 2012 et 2023, je publie cinq livres aux éditions Lamaindonne où se mêlent tout à la fois mon appétence pour le documentaire et une attention portée à mes proches, à mon environnement immédiat. En 2013, une errance urbaine dans les rues de Montréal : Tôt un dimanche matin. En 2014, Huit jours à New York et en 2016, Saisons noires, dans lequel j’explore les liens qui nous tiennent à notre terre natale - série notamment exposée au musée des Beaux-Arts de La-Roche-sur-Yon (2016), à Imagesingulières à Sète (2017) et durant l’Été photographique de Lectoure (2019). En 2020 je publie Tropiques, une fiction, mêlant
photographies et plusieurs nouvelles à la manière d’un conte, exposée durant l’Été photographique de Lectoure (2021) et enfin Oreille coupée (2023), ouvrage construit sous la forme d’une enquête écologique et sociologique sur les traces du loup dans le Massif central ; un travail qui a la chance de bénéficier d’un cycle d’expositions (2023-2025) dans le réseau Diagonal (galerie le Carré d’Art à Chartres-de-Bretagne, La Chambre à Strasbourg
et Le Centre Claude Cahun à Nantes). Cette même série profitera d’une diffusion médiatique enthousiasmante avec un portfolio publié dans M et Zadig et une invitation au micro de Marie Richeux, sur France Culture, lors de l’émission « Par les temps qui courent ».
En 2023, Mat Jacob et Monica Santos me proposent une résidence d’écriture, à Zone I dans le Loir-et-Cher, avec la conception d’un roman, Gast, coédition Filigranes/Zone. Également en 2024, je publie chez Origini edizioni, un livre intitulé L’Aval, dans lequel je mêle, une nouvelle fois, les mots à la photographie sur un territoire très restreint de ma géographie, convoquant des thèmes qui me sont chers, ceux de la forêt et de l’enfance notamment. En dehors de mes longues séries, membre de la plateforme collaborative Hans Lucas depuis 2017, je travaille régulièrement avec la presse française ainsi que dans la médiation artistique avec l’association Prodiges notamment en maisons d’arrêt, Ehpad, GEM et collèges.

Infos pratiques

Centre Claude Cahun
45 rue de Richebourg
44 000 Nantes

Ouvert du mercredi au samedi de 15h à 19h