Corps photographiques
Emilie Houssa
Conférence le 05 juin 2019 → Centre Claude Cahun
Le corps de l’autre joue, dans toute image, d’un dialogue entre enregistrement et construction. C’est dans l’écart avec ce qu’elle représente que l’image transforme, invente, construit et constitue aussi le sujet qu’elle donne à voir. Nous touchons là à la critique du caractère mimétique de l’image développée depuis Platon : l’image comme ressemblance et l’image comme écart. L’image n’est pas qu’une copie, une reproduction, elle redouble en transformant le sujet qu’elle donne à voir.
Les corps photographiés s’inscrivent dans une dimension historique, qui en Occident, déborde des seules considérations de la représentation mécanique. L’origine du corps photographique peut être ainsi envisagé selon des récits fondateurs de l’institution des images : celui de l’origine de la peinture et de l’invention du portrait d’une part comme projection et trace d’une ombre et d’autre part comme empreinte.
Ainsi PLINE L’ANCIEN rapporte dans L’Histoire naturelle (IIe après J.-C.) l’origine obscure de la peinture qui serait née de ce qu’ « on commença par cerner le contour de l’ombre humaine ». On touche ici aux conditions premières du principe photographique : la photographie comme écriture de/par la lumière. À travers l’histoire des corps photographiques des Mains négatives de Marguerite Duras aux détournements de leurs formes institutionnalisées depuis le 19e siècle par Thomas Ruff, Cindy Sherman ou Jérôme Opie, nous regarderons comment la photographie des corps raconte toute la complexité d’une image.
Infos pratiques
Centre Claude Cahun
45, rue de Richebourg
44000 Nantes