L’environnement géostratégique du Moyen-Orient
Didier Billion
Conférence le 28 septembre 2019 → Centre Claude Cahun
J’aime regarder la photographie non pas comme un enregistrement du monde mais comme un déplacement. Un déplacement qui permet de remettre en questions des situations du réel. C’est ce déplacement qu’ouvre Andreas Trogisch en photographiant Berlin durant la chute du mur. C’est ce déplacement qu’on cherche toujours à avoir dans nos programmations de la Galerie Confluence. C’est pour cette raison, qu’en parallèle des Géopolitiques de Nantes, la Galerie Confluence est heureuse de vous proposer cette conférence :
L’environnement géostratégique du Moyen-Orient : résister à la pression de l’immédiateté événementielle pour tenter de comprendre les dynamiques à l’œuvre.
Comment représenter le Proche Orient ? Comment analyser des discours qui forgent notre imaginaire c’est un peu tout l’enjeu de ce que nous vous proposons ce soir.
En 2003, à la suite des attentats du 11 septembre 2001, Edward Said, professeur de littérature comparée aux États-Unis, juge important d’ajouter une préface à son texte L’Orientalisme, l’Orient créé par l’Occident publié pour la première fois en 1978. Cette préface observe l’ampleur qu’a prise la lecture globale et caricaturale de l’Orient par l’Occident à l’heure du « savoir fragmentaire disponible sur Internet et diffusé par les médias de masse ». Said y note que « l’éducation est aujourd’hui menacée par les orthodoxies nationalistes et religieuses propagées par les médias ».
Aujourd’hui, 16 ans plus tard, il semble que nous ne sommes toujours pas sortis de ce regard sur l’Orient, dépeint, étudié, illustré, jugé en fonction de l’histoire et la pensée occidentale. Qu’en est-il, dans ce cas, des discours caractérisant et stigmatisant l’actualité des régions du Proche et Moyen Orient ? Comment les discours provenant autant de déclarations politiques que de la presse participent-ils à créer une représentation arrêtée de ces régions ? Jusqu’où peut-on en faire une analyse critique pour désenclaver notre regard ? Comme l’écrit Said, « tous les textes sont liés au monde » parce qu’ils en découlent et parce qu’ils produisent des imaginaires. Alors comment dépasser une dynamique de domination qui repose sur une structure catégorielle et culturelle latente : voir l’autre comme autre et le définir en fonction de nos propres schèmes.
Le sujet est vaste, il ne s’agira pas de faire voler en éclat ces modes de pensées en 1h30, mais avant tout de pointer ces discours pour détriquoter des catégories quotidiennes qui font qu’un territoire se trouve recouvert par un autre.
Biographie
Didier Billion est Directeur adjoint de l’IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques).
Docteur en Science politique et certifié d’Histoire et Géographie, Didier Billion est spécialiste de la Turquie et du Moyen-Orient.
Il est l’auteur d’ouvrages et de nombreux articles sur les problématiques régionales. Il a également rédigé de multiples études et notes de consultance pour des institutions françaises (ministère de la Défense, ministère des Affaires étrangères) ainsi que pour des entreprises françaises agissant au Moyen-Orient.
Ayant rejoint l’IRIS en 1991, il en est devenu un des directeurs adjoints, après avoir été directeur des études, puis directeur des publications et rédacteur en chef de La Revue internationale et stratégique.
Enfin, il enseigne au sein d’IRIS SUP’.
Infos pratiques
Centre Claude Cahun
45, rue de Richebourg
44000 Nantes